Taittinger va profiter de l'euro et des restockages.

Taittinger pense pouvoir cette année retrouver des niveaux de ventes d'avant la crise, grâce à la baisse de l'euro et aux restockages des distributeurs au sortir d'une année de crise particulièrement douloureuse pour le secteur.

Après avoir vu ses ventes reculer de 10% en 2009, à 90 millions d'euros, le producteur de champagne anticipe une très forte reprise cette année.

"Si le deuxième semestre se passe bien - l'essentiel des ventes se fait en fin d'année - la progression des ventes pourrait atteindre 20%", a déclaré mardi Pierre-Emmanuel Taittinger, président du groupe du même nom, lors du sommet du luxe organisé par Reuters du 1er au 3 juin.

Les ventes seront tirées non pas par les prix - qui n'ont pas été relevés en janvier - mais par les volumes, a-t-il souligné.

La société qui produit en moyenne quatre à cinq millions de bouteilles par an, anticipe d'en produire jusqu'à 6,5 millions dans les cinq à sept ans qui viennent.

Elle estime aussi que la Grande-Bretagne qui compte pour 20% de ses ventes, pourrait rapidement devenir son premier marché, devant la France (30% du chiffre d'affaires).

Malgré les incertitudes entourant l'évolution de la croissance, liées à la crise de la dette souveraine, Pierre-Emmanuel Taittinger s'est voulu confiant pour son industrie.

"Je suis inquiet pour les retraites, je suis inquiet pour la dette. Les gens auront moins d'argent pour acheter de grosses voitures mais en auront toujours pour boire une bouteille de champagne", a-t-il dit.

PAS DE BLING BLING ET DE BOUTEILLE A 500 EUROS

Pierre-Emmanuel Taittinger assure ne pas vouloir faire dans le "bling bling".

"Je n'aimerais pas voir les prix du Comtes de Champagne atteindre 500 euros car cela nous ferait perdre des connaisseurs et des amis", a souligné le petit-fils du fondateur de la maison champenoise.

Les prix vont d'une trentaine d'euros pour un "Brut Réserve" qui représente 80% des ventes, jusqu'à 140 euros pour un "Comtes de Champagne", un blanc de blanc de cépage 100% chardonnay.

"Notre plus grande fierté, c'est de vendre un produit de grande qualité à des prix abordables (...) Les choses ne doivent pas être trop chères", a-t-il poursuivi, intarissable sur les vertus et la magie du célèbre vin.

"L'argent, ce n'est pas tout", a-t-il ajouté.

La maison détient 289 hectares de vignes qui lui fournissent 45% des raisins dont elle a besoin, le solde étant acheté aux viticulteurs.

Elle produit environ quatre à cinq millions de bouteilles par an, dont 70% sont exportées, principalement au Royaume Uni et aux Etats-Unis.

En Chine, le marché encore naissant - le consommateur chinois est surtout amateur de cognac - présente, aux yeux de Pierre-Emmanuel Taittinger un gigantesque gisement de croissance.

"Nos ventes y sont très modestes (100.000 bouteilles par an) mais progressent de plus de 40% par an. La Chine sera sans aucun doute un très grand marché dans 15 ans", a-t-il dit.

La maison Taittinger a aussi pour originalité de servir à l'ensemble de ses 220 salariés, au titre de l'intéressement, une somme identique de 20.000 euros par an.

Avec l'aide de la Caisse régionale du Crédit agricole de Champagne, Pierre-Emmanuel Taittinger a pris les rênes de la société en 2006 après une longue bataille pour le rachat de la maison familiale, pour 660 millions d'euros dont 70 millions de dettes, auprès du fonds américain Starwood Capital.

Pierre-Emmanuel Taittinger a précisé avoir passé l'année 2009 sans avoir à renégocier ses "covenants" bancaires.

Une holding familiale a été constituée depuis lors, qui détient aujourd'hui 42% du capital et une option d'achat lui permettant de monter à 55%. La caisse régionale du Crédit agricole en conserve moins de 20%, le solde étant aux mains d'investisseurs privés.

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